Skip to content

Sécurité routière - 3 questions à Tawia Addo-Ashong

Engagé pour une mobilité plus sûre

Chaque année dans le monde, les accidents de la route tuent 1,35 million de personnes. Ils constituent la première cause de mortalité des jeunes dans le monde et des enfants en Afrique, l’enjeu de la sécurité routière s’avère donc essentiel. Notre objectif est de faire bénéficier les populations locales (professionnelles et civiles) de notre expertise, afin de diminuer le nombre de victimes. Nous mettons en œuvre des programmes à destination des jeunes parce qu’ils sont particulièrement vulnérables, des formations pour un public clé (chauffeurs de poids lourds et conducteurs de 2 roues) et un soutien auprès des autorités pour renforcer les standards de sécurité routière.

3 questions à Tawia Addo-Ashong
Responsable du pilier Sécurité routière SSATP

 

Tawia Addo-Ashong est la Responsable du pilier Sécurité routière du Programme de politiques de transport en Afrique (SSATP), Banque mondiale, où elle dirige le développement de politiques durables de sécurité routière. Elle a joué un rôle déterminant dans la mise en place de l’Observatoire africain de sécurité routière (ARSO), un réseau d’organismes et de partenaires de sécurité routière africains.

taa1_002.jpg

Quelle est la situation de la sécurité routière en Afrique ? 

Chaque année, à travers le monde, jusqu’à 1,35 million de personnes perdent la vie dans des accidents de la route, soit l’équivalent d’un décès toutes les 25 secondes. L’Afrique n’est pas épargnée par ce problème. Depuis 1990, la mortalité sur les routes a augmenté de 80 %, soit près du double de l’augmentation mondiale. En Afrique, 300 000 personnes sont tuées chaque année dans des accidents de la route, soit 650 décès quotidiens, et la moitié sont des usagers de la route vulnérables, piétons, cyclistes ou motocyclistes. Cinq pays (Nigeria, Cameroun, Éthiopie, Afrique du Sud et Ouganda) comptent pour la moitié des décès sur route du continent africain. À l’échelle mondiale, bien que son parc automobile ne représente que 2 % du nombre de véhicules au monde, l’Afrique est responsable de plus de 10 % de la mortalité routière. Dans un contexte de croissance économique continue des pays d’Afrique, l’expansion des infrastructures routières entraînera une augmentation du nombre de propriétaires de véhicules. Nous devons agir immédiatement pour empêcher la crise de la sécurité routière de s’aggraver.

Quels sont les défis à relever pour améliorer la sécurité routière ?

Pour résoudre efficacement la crise de la sécurité routière, il est essentiel d’adopter des stratégies solides, fondées sur des données factuelles. L’insuffisance des systèmes de gestion des accidents de la route, due à une sous-déclaration systématique des accidents, estimée à 50 % des cas dans certains pays, constitue l’un des principaux défis à relever en Afrique. Seuls quelques pays disposent d’un système opérationnel de bases de données informatisées des accidents. Il y a par conséquent un manque de données détaillées sur les circonstances et les raisons des accidents de la route. En outre, la mise en œuvre et l’application des mesures de sécurité routière font défaut à travers le continent. Que ce soit au niveau national ou local, il existe une mauvaise coordination entre les organismes gouvernementaux et autres départements chargés des questions de sécurité routière, les organismes responsables manquant de capacité et de moyens d’agir.

"En Afrique, 300 000 personnes sont tuées chaque année dans des anccidents de la route."
Tawia Addo-Ashong, responsable du pilier Sécurité routière SSATP

Sur quelles solutions les pays d'Afrique peuvent-ils concentrer leurs efforts actuellement ?

Les pays d’Afrique doivent concentrer leurs efforts sur une approche dite « du système sûr », fondée sur des données factuelles – c’est-à-dire une vue holistique du système de transport routier et des interactions entre les différents utilisateurs – chiffrée, dotée de ressources et viable. Nous devons exploiter les données pour éclairer les décisions des pays et leurs efforts en matière de sécurité routière. Dans ce domaine, l’ARSO pourrait soutenir les efforts des organismes responsables visant à améliorer les systèmes de bases de données sur les accidents de la route et autres questions de sécurité, ce qui faciliterait le développement de politiques et d’interventions fondées sur des données factuelles en matière de sécurité routière. Grâce à un partenariat avec le GRSF et le soutien financier d’UK Aid et de TotalEnergies Foundation pour le développement d’ARSO, la qualité des données sur la sécurité routière en Afrique devrait considérablement s’améliorer au cours des dix prochaines années. Je suis persuadée que ceci se traduira par des stratégies fondées sur des données factuelles qui auront un impact positif en Afrique.

Enfin, nous devons accroître la sensibilisation et l’engagement à tous les niveaux des gouvernements et des parties prenantes concernées. Nous devons améliorer la qualité de notre infrastructure, nous attaquer aux questions d’importation et d’inspection de véhicules d’occasion, consolider les partenariats et renforcer les initiatives de plaidoyer. Nous pouvons également obtenir rapidement certains résultats, en appliquant des stratégies de limitation de vitesse et en améliorant la conformité au niveau des casques, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs.

CHIFFRES CLÉS POUR COMPRENDRE :

  • 1ère cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 29 ans en Afrique
  • 26,6 décès pour 100 000 habitant liés aux accidents de la route (OMS)
  • 44% des décès touchent les piétons et les cyclistes.