Dialogue des cultures et patrimoine - 3 questions à Webber Ndoro

Engagé pour le dialogue des cultures

La diversité culturelle est une promesse d’ouverture intellectuelle et une opportunité de développement. Face à la mondialisation et au besoin de compréhension mutuelle, il est primordial de faire vivre et rayonner les traits propres à chaque territoire.

Implanté dans 130 pays et riche de plus de 150 nationalités, Total sait l’importance du dialogue entre cultures pour favoriser le vivre-ensemble. C’est pourquoi le Groupe place au cœur de sa démarche la mise en valeur des contrées où il est ancré.

Parce que la culture est vectrice de vitalité et de fierté d’un territoire, Total Foundation s’engage et œuvre pour préserver et transmettre le patrimoine, soutenir la jeune création et encourager l’éducation artistique pour tous. Le programme privilégie les initiatives qui mobilisent les jeunes générations, sensibles à une culture qui soit source d’inspiration et d’émancipation.

3 questions à Webber Ndoro

Directeur général du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM)

Natif du Zimbabwe, Webber Ndoro est historien et archéologue de formation. Il a piloté plusieurs programmes majeurs de conservation du patrimoine culturel en Afrique, notamment à la tête du Fonds pour le patrimoine mondial africain (AWHF), avec un impact durable sur toute une génération de jeunes professionnels. Il porte donc un regard aigu sur l’importance d’associer la jeunesse à la conservation des biens culturels, pour un développement inclusif.

Quel rôle le patrimoine culturel doit-il jouer en Afrique ?

Il est courant d'insister sur son apport dans la croissance économique et la création d'emplois, via le tourisme, la production artisanale et les industries créatives, ou encore l'agriculture. Ce qui l’est beaucoup moins, c'est de souligner son rôle crucial dans l'harmonie, la cohésion sociale et la tolérance, par sa capacité à bâtir des ponts entre générations, communautés et nations. Le patrimoine culturel est un creuset de l’identité et de la réconciliation. Face aux défis multiples du continent, ce patrimoine inspire le développement, en donnant du sens et en rassemblant autour d’un projet commun.

Pourquoi impliquer les jeunes dans sa conservation ?

L'Afrique a la population la plus jeune au monde, durement touchée par le chômage et les migrations forcées. Des situations qui menacent la conservation du patrimoine, tout comme le changement climatique, la perte de traditions et le vieillissement du personnel culturel. Pourtant, le patrimoine culturel africain est à la fois vecteur d’engagement et source d’opportunités économiques. Mettre les jeunes au service de ses ressources peut donc changer la donne. En s’appropriant leur héritage, ils vont mieux comprendre leur histoire et leur identité. C’est un enjeu clé pour changer durablement le continent. Dès lors, en devenant acteurs de sa conservation, ils pourront également en libérer le potentiel.

Comment inciter la jeunesse du continent à s’engager pour son patrimoine culturel ?

En le rendant plus attrayant. Pour cela, nous devons recentrer le discours sur ce patrimoine, permettre et favoriser le débat sur son identité, à la lueur de la décolonisation et aussi remettre à plat le rôle des musées dans le contexte actuel d’urbanisation rapide de l’Afrique. Ce type d’initiative passe par des échanges intergénérationnels qui tiennent compte de l'ingéniosité et de l'innovation des jeunes, tout en tirant parti de l'expérience et de la sagesse des générations plus âgées. Mais pour que les jeunes participent, il faut leur laisser le champ libre : à eux de concevoir, de mettre en œuvre et de valoriser leurs propres programmes. Ce ne sont surtout pas aux anciens de leur dire ce qu'ils doivent faire. Plusieurs solutions s’offrent à eux : à travers un réseau d’universités africaines, la société civile, les industries créatives, des start-ups innovantes... Je crois beaucoup aux projets associant l'univers patrimonial au numérique, et auxquels s'ajoute le travail inventif d'incubateurs technologiques. C’est en cultivant leur esprit d’initiative que ces jeunes deviendront des acteurs engagés et fiers de leur héritage.